Copyright © Daniel Pagés, 2021
Tout le monde aime la mer. L'eau tiède et le sable chaud, les vagues qui t'éclaboussent et parfois te roulent avant de t'emporter. L'écume qui reste sur ta peau et laisse éclater ses bulles. Mais pour moi, la mer c'est aussi un pont. Un chemin vers les étoiles lointaines qui se reflètent dans l'eau comme des diamants. Une masse bleue, ou verte, ou grise, grouillante de vie et de rêves. Les rêves des terriens qui n'ont jamais osé aller dessus. Les rêves des marins qui ne sont pas encore allés assez loin !
Copyright © Daniel Pagés, 2021
Lorsque je lis une histoire ou lorsque j’écoute quelqu’un lire une histoire, je ne reçois pas une série d’images figées que l‘auteur cachait dans sa tête et qu’il a dessinées avec des mots, je reçois une explosion de couleurs et de traits, de sentiments, d’émotions, de sens, un feu d’artifice de possibles qui peuvent m’emmener très loin, me faire dériver du cap originel, me tracer une route d’aventure parallèle, me faire lever la tête et m’enfuir un instant.
Un instant ou une heure, un jour ou toute une vie.
Longtemps, j’ai essayé de voler.
Mais une attraction trop forte me gardait prisonnier de la terre.
M’empêchait de décoller, comme si un élastique me retenait.
J’ai des souvenirs de frustration épouvantable au réveil. J’arrivais parfois à faire quelques mètres en me concentrant, mais mon corps était trop lourd.
Dans la mémoire liée à mes rêves, cette période a duré des années.
J’ai abandonné.
J’ai rêvé d’autre chose. Je ne crois pas que je réussissais mieux.
Puis une nuit, je me suis aperçu qu’il suffisait que je serre les dents, que je vise l’endroit où je voulais me rendre et que je reste concentré : mon corps avait perdu son poids. Bien sûr, cela demandait un effort pour atteindre une hauteur certaine et elle faisait palpiter mon cœur et serrait mon ventre, cette peur à circuler si haut. Il fallait jouer entre les arbres. Trouver le chemin à vingt mètres du sol. Rester fortement concentré sur le parcours, la trajectoire.
L’atterrissage, je ne m’en souviens pas. Jamais. Je crois qu’il n’était pas compris dans le prix du voyage. Ou que le vol avait été si épuisant que je me réveillais avant.
Cependant, mes voyages aériens avaient des limites exiguës. Cet espace du possible, j’en ai vite fait le tour. À ce moment-là, aussi, je crois que je me suis mis à rêver d’autres aventures. Rêves roses ou cauchemars, plus besoin de décoller et de planer.
Et puis la nuit dernière, il m’est arrivé une aventure peu ordinaire.
Je devais être quelque part au pied des montagnes que vont parcourir les héros de mon roman en cours. C’est peut-être comme ça que tout a commencé. Quelqu’un m’a parlé d’un petit lac enchâssé au sommet.
Et je suis allé voir.
Sans me poser de questions, j’ai pris mon envol presque verticalement le long d’un versant escarpé couvert d’arbres. Une pente vert sombre. Très vite, je me suis retrouvé plus haut que le sommet et, en dessous, scintillait une surface liquide qui ne ressemblait en rien aux lacs de montagne que je connaissais. Des rives aux fines plages de sable doré s’arrondissaient autour d’une étendue d’eau à la transparence bleutée, par endroits, ou vert émeraude, ailleurs. Des couleurs de mer du Sud.
J’ai avancé et c’est là que j’ai commencé à sentir mon estomac se serrer. Le lac était immense et plus je planais au-dessus, plus je lui découvrais des criques cachées par des pans de forêt, de nouvelles branches qui s’allongeaient jusqu’à l’horizon.
C’est là que j’ai commencé à avoir peur. Peur de fatiguer et de chuter. De me perdre et de ne jamais retrouver le pied de la montagne et les gens qui y attendaient le récit du voyage.
C’est là que mon esprit a coupé le rêve.
Atterrissage sur mon matelas, la chute n’a pas été violente.
Mais parfois, émerger d’un beau rêve peut être douloureux…
Quand l'espoir commence à pousser au printemps,
il faut plus d'un litre de Roundup pour le tuer...
(© Daniel Pagés, 2017)
Étrange est la vie.
Mille fois, elle est passée à côté de la mort. De vagues en tempêtes. Mille fois les sirènes l’ont laissée continuer sa route.
Elle est partie hier dans un fracas d’acier et de feu.
J’ai toujours à l’esprit sa silhouette - larges épaules et cheveux bouclés - sur le petit monocoque qu’elle a mené à la 11e place sur la première Route du rhum. Ses vingt ans qui promettaient d’autres victoires. Qui nous faisaient rêver. Elle ne nous a pas déçus.
J’ai toujours à l’esprit une dernière image. Quelques années plus tard. Le sourire sur son visage taché de soleil. Au milieu de ses frères marins, tous assis à table sur le rempart dominant la Méditerranée. Dans la douceur d’un soir de fin d’été. Elle a levé la bouteille vide qui se trouvait devant elle. « Du rouge, s’il te plait ! »
Bonne mer et bon vent !
Bon voyage, Flo…
Une île sauvage où des dents de granit déchirent l'océan. Qui voit Ouessant voit son sang dit la sagesse maritime. Des courants comme des fleuves en crue. Des landes d'ajonc ras et de bruyère basse. Un peuple de marins qui ont parcouru le monde sur tous les navires depuis des siècles. Le pays de l'océan, du vent et des tempêtes. Et la nuit, le clin d'oeil des phares qui mugissent dans la brume comme vaches appelant leurs petits.
Comme tous les ans je participe au salon du livre insulaire pour raconter les îles qui sont dans mon rêve...
Venez et découvrez...
Très belle affiche de Liz hascoët qui a illustré la 2e édition d'Histoires bleu marine, mon recueil de contes.
Il s’appelait Haussmann, à l’époque. Il était tout neuf. Il a changé plusieurs fois de nom depuis. Plusieurs fois de vie. C’était après ma première traversée à la voile vers les Antilles… En janvier 1979.
Dix jours de mer pour revenir vers l’Europe.
J’ai retrouvé le cargo qui m’a déposé un dix janvier à cinq heures du matin sur le port en eau profonde de Dunkerque.
Je me souviens de la glace qui encombrait les trottoirs. Du taxi qui m’a emmené jusqu’à la gare. Des visages blêmes. Des yeux hagards. De mon retour dans le métro parisien puant.
J’avais envie de faire demi-tour. De repartir vers le soleil. De retrouver le noir des peaux et les sourires éclatants. Le blanc des plages, le vert des mornes et des champs de canne. La brûlure du rhum dans la gorge et les amis qui continuaient le voyage. De retrouver la musique et les éclats de voix joyeuses qui poursuivaient les autocars Mercedes sur les routes tordues de la Guadeloupe. De découvrir d'autres fruits. De découvrir d'autres senteurs.
De découvrir d'autres bonheurs...
L'océan s'est calmé.
Il roule des petites vagues rondes.
Il ne bave plus d'écume.
Non qu'il n'ait plus rien à reprocher à la terre...
Mais il n’a pas la rancune tenace.
Il a passé sur elle ses nerfs.
L'a mordue. Dévorée.
Il a avalé tout ce qui était à sa portée.
A épuisé sur elle sa hargne.
Pour un temps...
La destruction des fonds marins difficilement accessibles à cause des grandes profondeurs est largement entamée.
La pêche en eau profonde (jusqu'à 1300m) est aujourd'hui sur la sellette et le Parlement européen doit prendre une décision le 10 décembre.
Une bande dessinée de Pénélope Jolicoeur explique de jolie manière pourquoi on ne peut pas continuer à détruire ces zones de l'océan que l'on connaît si mal et nous invite à signer la pétition qui a déjà recueilli 700 000 signatures.
Prends cinq minutes et signe, copain !
La pétition : Urgence Océans Profonds
Merci à Pénélope pour ce court extrait de la BD !
En fait de bleu, je n’ai trouvé ce matin à Brest que celui des yeux de la jeune employée de Penn Ar Bed à qui j’ai confié mes cartons de livres pour le salon d’Ouessant. Mais celui-là valait celui d'un ciel tellement pur qu'il se mélange à la mer qui le rejoint.
Et le sourire qui l’accompagnait rayonnait de soleil comme un beau jour d’été.
Qui a dit qu’il ne faisait pas beau en Bretagne Nord, ce deux d’août ?
Brest port de commerce - 2 08 2013
Photo Daniel Pagés
Le planning des salons du livre pour la deuxième partie de l'année est déjà bien avancé !
Vous le trouvez sous l'onglet Salons & dédicaces en haut de page.
Un Salon du livre est avant tout un lieu de rencontre. Venez nombreux y discuter avec les auteurs !
Sud Oléron, 8 juin 2013
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Les Orphelins du Scorff
T1 – La Cale aux rats
T2 – Le Cimetière de Creepy-Bay
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T4 – Les Larmes de Fura
Des cris dans l'écume
Les Trois filles du Capitaine Imanol
1 - Les Prisonniers de Mohína
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