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Histoires à lire et à conter

Histoires à lire et à conter

Tout le monde aime la mer. L'eau tiède et le sable chaud, les vagues qui t'éclaboussent et parfois te roulent avant de t'emporter. L'écume qui reste sur ta peau et laisse éclater ses bulles. Mais pour moi, la mer c'est aussi un pont. Un chemin vers les étoiles lointaines qui se reflètent dans l'eau comme des diamants. Une masse bleue, ou verte, ou grise, grouillante de vie et de rêves. Les rêves des terriens qui n'ont jamais osé aller dessus. Les rêves des marins qui ne sont pas encore allés assez loin !

Publié le par Daniel PAGES
Publié dans : #Bizarre - bizarre !

Un jour à Barcelone. Un jour entier à attendre. Une longue journée jusqu’au moment où j’ai pu emprunter la passerelle du navire blanc et me faire tout petit dans le coin le plus sombre d’un pont extérieur. Le visage tourné vers le large. Comme passionné par les reflets des étoiles, sur la mer qui s’effaçait déjà dans l’obscurité.

 

J’ai réussi à les semer hier soir, à la nuit. Deux chiens de garde accrochés à mes talons depuis mon départ de Marseille. Deux molosses encravatés comme des politiciens. Chevalières et gourmettes. Discrets comme des citrons dans un jeu de billes.

Ils se tenaient debout dans le couloir du corail malodorant que j’avais pris à la gare Saint Charles. À quelques mètres de mon compartiment. Ils avaient suivi lorsque j’avais changé de train à Narbonne. Ils ne m’avaient pas quitté d’une semelle quand j’étais descendu à Perpignan.

Le buffet de la gare était désert et ils n’avaient pas osé entrer. Je les avais vus du coin de l’œil s’impatienter sur le trottoir pendant que j’avalais la meilleure bière de ma vie en engouffrant un jambon beurre de belle taille. Ils n’avaient pas pensé à mal quand je m’étais dirigé d’un pas nonchalant vers les vieux quartiers fleurant bon le poisson frit et le poivron grillé.

Les gitans m’avaient dévisagé et regardé passer. Petit homme sans intérêt dans un jean et un blouson usés. Les yeux fatigués par le travail. Ou l’alcool. Rien à en tirer. L’un d’eux avait même craché sur les pavés derrière mes talons.

 

C’est quand la bousculade a commencé, au bas de la rue, que j’ai pris mes jambes à mon cou. Aucune chance pour eux avec toute la quincaillerie qu’ils affichaient. J’étais libre.

J’ai marché en retrouvant mon souffle. Enlevé le blouson gris que j’ai glissé dans mon sac à dos. Je suis sorti de la ville comme un touriste. Un pick-up m’a embarqué dans sa caisse et posé à l’entrée de Cerbère. Heureux hasard.

Juste à attendre l’aube et prendre le premier train pour le sud. La frontière est à deux pas.

 

Barcelone m'a accueilli dans un demi-jour qui semblait planer sur les faubourgs et hésiter à s'installer. Puis l'express s’est enfoncé dans le ventre de la ville des lumières. Je me suis mêlBarcelona, puertoé aux banlieusards pressés que vomissait le métro dans le labyrinthe de la gare souterraine. Aux visages encore tirés par la fatigue des matins gris du milieu de semaine.

En surface m’attendait une brume blême qui commençait à se déchirer tout en haut des tours de la Plaza de España pour laisser entrevoir quelques coins de bleu. Odeurs de charbon brûlé, de café et de churros tout chauds sortis de la friture.

Mes yeux ont glissé avec envie sur trois étudiantes qui riaient en dévorant une corbeille de croissants devant des tasses de chocolat fumant. Une table de bistrot posée à même le trottoir. Une pile de dossiers stockés sous l’une des chaises. J’aurais voulu prendre place avec elles. Me détendre enfin un instant. Je n’ai même pas réussi à leur sourire.

Un mouvement a attiré mon attention vers le carrefour, derrière moi, et mon cœur s’est emballé. Je me suis forcé à marcher sans changer d'allure pour tourner dans la première ruelle à angle droit. Personne ne m’a suivi. L’homme qui avait éveillé mes soupçons a continué sans jeter le moindre regard vers le passage sombre aux pavés luisants. Je suis revenu en arrière et lui ai emboîté le pas. Il a sorti un trousseau de clefs et a pénétré dans un immeuble cossu. Des plaques de médecins. J’ai soufflé.

 

Dans quelques minutes le ferry va se détacher du quai et s’éloigner des lumières de la ville. Les lamaneurs décrochent les aussières. Les hélices brassent l’eau du bassin et le navire hésite un instant. Je me force à respirer calmement. Impossible qu’ils aient retrouvé ma piste. Personne ne pouvait penser que Barcelone était ma destination. Que j’avais depuis plusieurs jours réservé un premier passage vers Palma. Puis un siège d’avion vers Frankfurt. Les deux molosses ne s’étaient pas montrés très malins. Je commence à me détendre. Le bateau blanc a accéléré dans la nuit. Le vent fait voler mes cheveux qui auraient bien besoin d’un shampoing. Demain matin à l’hôtel Réal, à Mallorca. Une douche. Un coiffeur peut-être. Je deviendrai un homme tout neuf. Barcelone s’enfuit au loin, lueur confuse éclairant par le dessous les nuages épars.

 

Ma main est machinalement descendue jusqu’à la poche de mon blouson. Un paquet de cigarettes froissé. La dernière que j’avais gardée pour fêter ce départ. La boîte d’allumettes qui l’accompagne est vide. Une en réserve dans mon sac à dos. Là, au fond de la petite poche latérale.

Mes doigts cherchent. Rencontrent un rectangle métallique. Un briquet doré. Je le reconnais. La femme brune jouait avec le même, au départ de Marseille, en face de moi dans le compartiment, hier matin. Belle brune aux yeux bleus. Elle m’avait fait rêver un instant. Mais je n’avais pas le cœur à fantasmer, avec les deux gorilles qui m’attendaient dans le couloir.

 

Adieu Barcelone. Je n’ai vu que son regard méprisant, son sourire et ses cheveux dans le vent. Le Beretta n’a pas fait plus de bruit qu’un bouchon qu’on ôte à une bonne bouteille. J’ai eu tout à coup du mal à respirer. Un grand calme m’a envahi. Je n’ai pas compris pourquoi elle a posé un genou devant moi, saisi mes chevilles et les a levées jusqu’à ce que je bascule à la rencontre des eaux sombres.

 

 

 

Une petite nouvelle écrite en vitesse pour le concours de juin de Booknode.com...    

Photo volée sur le web, pardon !    

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Publié le par Daniel PAGES
Publié dans : #livres à venir

Le jeunot qui était à quatre pattes au-dessus de la poubelle gloussa bizarrement, se releva, fixa son chef qui donnait des instructions dans le téléphone, puis se mit, avec une nouvelle fébrilité, à passer au peigne fin le dessous de tous les meubles de l’appartement. Au troisième gloussement, Mortier termina sa conversation téléphonique, rendit son Nokia à la journaliste et s’approcha de lui, intéressé.
Le scientifique s’étira et chuchota au plus près de son oreille.
— Comme on dit dans les séries à la télé, patron, j’ai trouvé quelque chose qui ne va pas vous plaire ! C’est bourré de micros, ici !
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Il montra du doigt quelque chose qui ressemblait à un vieux chewing-gum collé sous le bureau de Marie.
— Portée, deux ou trois cents mètres…
Le capitaine se rua vers le palier en jetant un je reviens ! à la cantonade. On l’entendit descendre l’escalier quatre à quatre, happer Glaenec au passage et ouvrir à la volée la porte de l’immeuble.
— On se fait toute la rue, le petit a trouvé des micros en haut.
— Tu crois qu’ils sont encore là à écouter ?
— On tente ! 
— Et si on tombe sur des collègues ? Ils avaient bien des cartes de police, ce matin…
— Là on est mal ! Mais dans ce cas, on aura peut-être droit à des explications.
L’Audi était gris foncé et possédait des vitres fumées. Elle démarra dès qu’ils furent en vue. On les avait vraisemblablement reconnus. Deux personnes à bord. Deux ombres. Impossible de discerner leurs traits.
— 2889 GRA 94, cria Mortier à sa collègue en se propulsant d’un bond au milieu de la chaussée après le passage de la voiture.
Il renonça à la poursuivre, elle tournait déjà au plus proche carrefour en faisant hurler ses pneus, avant qu’il ait couru dix mètres. La circulation était encore fluide à cette heure-là. Il avait instinctivement porté la main à son arme, mais la retira aussitôt. Aucune raison de l’utiliser. Rien à reprocher à une voiture sortant un peu vite de son stationnement. Rien en tout cas qui justifie qu’on lui tire dessus. Juste un excès de vitesse.
Loin déjà. Le temps d’arriver jusqu’à la Peugeot de service garé dans l’autre sens… Il tourna son regard vers Lucie qui dictait une description au téléphone.
— C’est l’immatriculation d’un véhicule incendié il y a des années. Je lance la recherche. Dangereux et armés… tu es d’accord ?
Il acquiesça d’un air découragé.

Découpé dans un roman à venir...

 

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T1 – La Cale aux rats
T2 – Le Cimetière de Creepy-Bay
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