Maskali rêve.
Il tire chaque jour sur les aussières qui l’emprisonnent dans les bruits du port. Le jour et la nuit. Souvent la tramontane siffle dans sa mâture. Fuiiis ! Fuuuiiiss !
Mais les nœuds sont solides.
Les vagues elles-mêmes viennent parfois le chercher, le secouer et le réveillent en claquant sur sa coque. Caasse-toi ! Caasssseee-toi !
Rien à faire, il est bien pris.
La mer est là, tout près. Il sent son parfum. Il la respire.
Il l’entend. Elle l’appelle. Viieeeenss ! Vieeennss doonc ! Elle l’appelle chaque nuit.
Ce matin, assise sur le ponton, les pieds trempant dans l’eau, une petite fille lui a parlé. Elle lui a raconté l’histoire d’un voyage sur le grand océan. C’est toi qui nous emmènes, a-t-elle dit. Ensemble on va glisser sur les vagues. Jouer avec les baleines et les dauphins. On s’approchera doucement des îles pour se mettre à l’ombre des grandes palmes que les arbres penchent sur l’eau.
Quand ? a demandé Maskali avec un doute au fond des yeux.
Bientôt ! a répondu la blondinette en caressant son ventre au ras de l’eau.
Depuis que j’attends… a ronchonné le bateau gris.
Bientôt, promis ! Et maman sera là, Papa et les grandes sœurs aussi.
Maskali a fermé les yeux. C’est vrai que, depuis quelque temps, des mains habiles remplissent son ventre. C’est vrai que ça fait un moment que des yeux font le tour de tout ce qu’il porte. Des doigts experts rajoutent des jouets, de beaux vêtements et des rubans de couleur.
Bientôt… La petite a promis !
Pour Maëlle, Eléa, Mathilde, Séverine et Sébastien
qui partent ces jours-ci pour un an sur l'eau vers les îles du soleil.
Vous pouvez suivre leur voyage sur le site de
(Photo Maskali)