Il s’appelait Haussmann, à l’époque. Il était tout neuf. Il a changé plusieurs fois de nom depuis. Plusieurs fois de vie. C’était après ma première traversée à la voile vers les Antilles… En janvier 1979.
Dix jours de mer pour revenir vers l’Europe.
J’ai retrouvé le cargo qui m’a déposé un dix janvier à cinq heures du matin sur le port en eau profonde de Dunkerque.
Je me souviens de la glace qui encombrait les trottoirs. Du taxi qui m’a emmené jusqu’à la gare. Des visages blêmes. Des yeux hagards. De mon retour dans le métro parisien puant.
J’avais envie de faire demi-tour. De repartir vers le soleil. De retrouver le noir des peaux et les sourires éclatants. Le blanc des plages, le vert des mornes et des champs de canne. La brûlure du rhum dans la gorge et les amis qui continuaient le voyage. De retrouver la musique et les éclats de voix joyeuses qui poursuivaient les autocars Mercedes sur les routes tordues de la Guadeloupe. De découvrir d'autres fruits. De découvrir d'autres senteurs.
De découvrir d'autres bonheurs...