Il s’est incliné bien bas, le petit homme. Quarante cinq degrés ont dit les journaux. L’angle de son admiration. Il ne pouvait décemment se plier davantage. Les mauvaises langues auraient pu écrire qu’il s’intéressait au brillant des chaussures de son hôte ou qu’il cherchait les talonnettes. Voire pire.
En face, lunettes dorées et sourire figé. Guère plus grand, pourtant. Une statue de marbre. Image de puissance. Presque un milliard et demi d’hommes et femmes. Une main de fer qui les serre à la gorge. Qui ne desserre jamais son étau. Une main douce et manucurée qui secoue longuement sa main tendue.
Fascination. Le petit président n’arrive pas à maîtriser ses soixante millions de compatriotes. L’autre, en face, en terrorise vingt cinq fois plus. Ici, dans ce bout du monde, un mot de trop mène son auteur dans une geôle sombre pour des années. Une balle dans la nuque au petit matin. Facture à la famille. Ici, on peut torturer dans les postes de police de campagne. Les problèmes de confort durant les garde-à-vue… quelle rigolade ! On massacre. On écrase un peuple entier, au Tibet…
Le petit homme rêve. Un jour, peut-être, en France, à force de manipulation… Les faire taire. Leur apprendre le respect. La discipline. À coups de fouet. Leur faire payer leurs caricatures. Leurs sarcasmes. Comme l’autre, en face qui cache sa puissance derrière l’or de ses lunettes et son maquillage discret. Un jour, sûrement…