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Le joli cotre se balançait au rythme de la vague qui passait par intermittence la barrière de corail. Le soleil se couchait déjà derrière les collines, allongeant l’ombre des grands cocotiers jusque dans l’eau transparente.
— Regarde, le charpentier a terminé son travail et s’installe pour la sieste !
Noah se remit à plat ventre d’un coup de reins et se frotta les yeux. L’étendue lumineuse était éblouissante. Il laissa ses pupilles encore aveuglées s’habituer.
— Il n’a pas l’air de s’inquiéter pour ses compères.
Il glissa vers sa sœur dans l’ombre fraîche du raisinier sans cesser de surveiller le navire.
— On attend qu’il s’endorme et on y va, souffla le garçon.
— Non, c’est moi qui irai toute seule. Tu ne t’approcheras que quand je te ferai signe. Il se méfiera moins, s’il m’aperçoit. Une fille, ça ne peut qu’être inoffensif…
Noah se préparait à protester, mais les yeux verts d'Isana se fixèrent sur lui. Il y lut immédiatement sa détermination et n’insista pas.
— Inoffensive ? S’il te connaissait…
Il ricana et évita de peu le coup de coude qui visait ses côtes.
Sur le pont, l’homme avait rangé ses outils et s’était allongé sur les voiles affalées à l’avant. Il avait tiré son chapeau sur ses yeux et grattait sa barbe grise. Il avait bien l’intention de profiter des derniers instants de calme.
Un peu de repos avant que ses camarades ne rentrent de leur expédition.
Dès qu’ils seraient à bord, pas question de traînasser. Le capitaine Tob était plus généreux avec ses coups de pied qu’avec les pièces d’or qu’il conservait dans sa bourse. Il faudrait relever l’ancre sans perdre une seconde et changer d’air au plus vite !
Premier chapitre d'un roman à paraître au printemps 2012 Photo volée sur le web