Une petite graine a voyagé, à cheval sur la tramontane. Le rocher l’a accueillie dans un de ses trous. Il l’attendait depuis si longtemps.
Il lui avait gardé un peu de terre. Jour après jour. Emprisonné parfois une feuille qui voletait dans le vent de l’automne. Puis une deuxième. Juste de quoi fabriquer un souple matelas d’humus.
C’est un romarin ! a-t-il annoncé à toute l’île. Les autres cailloux se sont moqués. On n’a jamais vu un arbuste pousser dans un si petit berceau !
Mais le rocher l’a protégé des froids de l’hiver. Il a recueilli pour lui chaque goutte de pluie qui passait à sa portée. Lui a fait ombre de sa masse grise, au plus fort de l’été.
Et l’arbrisseau s’est accroché à la vie. Il a poussé dans son berceau de pierre. Lentement. En se tordant sous les brises marines. Il ne grandira guère. Il préfère rester petit, dans son nid, à l’abri de la roche accueillante.