Marti, je ne le connaissais pas. Jamais entendu parler.
La langue Occitane ? Certes, elle était inscrite dans mes gènes et je l'avais entendue toute mon enfance. Tout le monde la parlait chaque jour, dans ma montagne tarnaise. Enfin, de moins en moins. Fallait que les jeunes oublient ça ! Une langue de paysans ! Et justement les paysans étaient en train de disparaître !
Alors, Marti, quand il a commencé à chanter, j'ai bien compris ce qu'il disait. Il traduisait aussi et commentait.
Il rentrait d'un voyage à Cuba et racontait comment c'était, là-bas. Un véritable espoir pour la planète. On en rêvait tous d'un pays ou le pouvoir serait partagé et où chacun aurait droit à sa juste part de richesse. 1968 n'était pas si loin...
Mais il parlait surtout de notre pays, l'Occitanie. De sa langue maltraitée, étranglée jusqu'au seuil de la mort par une république qui ne savait qu'imposer l'uniforme français à tous, Alsaciens, Bretons, Corses ou Basques, comme à nous, pour les envoyer se faire massacrer sur les champs de bataille ou au travail.
Ce soir là, nous avons compris, peu d'entre nous, peut être, que l'histoire de France ce n'était pas la nôtre. En tous cas, il y avait quelques gros trous, des gouffres, même, que certains avaient rempli de mensonges dans nos livres d'école. On avait commencé par traduire 40 ans de guerre contre l'envahisseur français par quelques lignes dans un chapitre intitulé les hérésies, ou l'on avait allègrement mélangé un peu tout ce que la sainte Inquisition avait traqué et brûlé à cette époque... Oui, ça avait mal commencé, nos relations avec la France !
En tous cas, Claude Marti, ce soir là, tu m'as fais voir ma terre d'un autre oeil. Je l'ai écoutée parler différemment. Le patois de mon grand père est redevenu ma langue, la vraie, celle qui m'unit à mon Languedoc et à toute ma planète.
C'est sûrement à cause de toi que mon premier livre, écrit pour le noël de mes enfants, je l'ai écrit en Occitan.
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