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Histoires à lire et à conter

Histoires à lire et à conter

Tout le monde aime la mer. L'eau tiède et le sable chaud, les vagues qui t'éclaboussent et parfois te roulent avant de t'emporter. L'écume qui reste sur ta peau et laisse éclater ses bulles. Mais pour moi, la mer c'est aussi un pont. Un chemin vers les étoiles lointaines qui se reflètent dans l'eau comme des diamants. Une masse bleue, ou verte, ou grise, grouillante de vie et de rêves. Les rêves des terriens qui n'ont jamais osé aller dessus. Les rêves des marins qui ne sont pas encore allés assez loin !

Publié le par Daniel PAGES
Port de la Selva, Catalunya.
Un petit port, un village blanc niché dans un creux de la côte du massif du Cap de Creus. Là où les Pyrénées enfoncent un poing dans la mer.
 
Du temps où j'emmenais des gens en croisière vers la Costa Brava et les Baléares, c'était l'étape obligée. L'escale du samedi soir au calme. Le dépaysement à trois heures de voile de Banyuls.
 
De ce côté là de la frontière, il y a toujours un marinero qui s’approche sur le quai quand ton voilier pointe son étrave vers le calme. Et de calme, on en a souvent besoin dans un coin de Méditerranée qui détient le record de France du nombre de coups de vent sur une année.
 
L’un des marineros qui attendait mon amarre me regardait souvent avec un peu de perplexité. Il me prenait manifestement pour un fou à naviguer avec une mer et un vent pareils.
— Tu devrais venir naviguer chez moi ! Au moins, là-bas, c’est toujours calme et les gens n’ont pas peur sur les bateaux, m’a-t-il confié un jour avec un air très sérieux, après avoir resserré mes aussières.
— C’est où, chez toi ? ai-je demandé, même si la manière dont il mangeait ses mots laissait présager qu’il venait de très loin, dans le sud.

 
Pendant ce temps, mes passagers sautaient sur le quai, retrouvant avec bonheur la terre ferme, et se précipitaient vers l’eau douce et chaude des douches.
 
— Sevilla.
— Sevilla, c’est pas vraiment la mer… je lui ai répondu avec mon sourire le plus désolé.
Il a posé sa main sur mon avant-bras et s’est mis à rire.
— El Guadalquivir, hombre ! Justement ! Il n’y a pas de vagues et il fait chaud ! Tes clients sont toujours contents !

 
Une éternité que je ne suis pas arrivé à Port de la Selva dans un coup de vent. Le marinero andalou a dû prendre sa retraite, chez lui, au chaud. Là où il n’y a pas les embruns levés par la tramontane qui te blanchissent de sel. Là où le soleil se couchant sur le grand fleuve te fait penser à tous ces navigateurs fous de leurs rêves qui sont partis à sa poursuite sur l’océan.
 
 (Spécial dédicace à mon amie Jessica, spécialiste de frites et de chocolat, à qui j’ai promis un post sur FessesDeBouc qui donnerait le sourire...)
 

Photo : Polynia (bandes rouges) et son skipper à Port de la Selva, 1999    

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