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Ilan allait sur ses treize ans, mais n’avait pas encore beaucoup grandi. C’était un Breton pure souche aux cheveux noirs et aux yeux bleus, avec des taches de rousseur sur le nez et les pommettes. Il naviguait sur Beau-Parleur depuis plus de trois ans et connaissait par cœur la route des îles. Il avait hâte de quitter la côte bretonne et les eaux d’Europe pour retrouver la douceur du Sud.
Il fit une ronde au bout d’une heure et ne voyant rien d’inquiétant, s’assit dans un recoin à l’abri du vent. En s’enroulant dans la toile, il arrêta vite de claquer des dents et se réchauffa un peu.
Le sommeil le prit par surprise. Lorsqu’il émergea de son rêve, une demi-heure plus tard, il ne se rendit même pas compte qu’il avait dormi. Le fanal qui se balançait doucement à la grande vergue était éteint et un juron lui échappa. Le mousse mit en place une bougie neuve et dut se cacher sous la toile pour la rallumer. Il monta ensuite vérifier le sablier. En tendant l’oreille, il s’assura que tout allait pour le mieux. La nuit s’était épaissie et on n'y voyait pas à trois pas. Tout le gréement vibrait, mais aucune voile, aucun cordage ne battait. La marée ne semblait pas vouloir baisser bien vite et, sur le quai, les gros câbles goudronnés et graissés tenaient bon. Il ne lui restait plus que quelques minutes à résister avant de descendre retrouver la douce chaleur du poste d’équipage.
Il n’avait pas vu passer, à quelques pas de lui, une ombre souple qui avait pris pied sur le pont et s’était glissée dans l’écoutille à demi ouverte au centre du navire. […]
Nouveau roman en cours. À suivre...